Réunion du 16/03/2010
16 mars 1244, le bûcher de Montségur
Suite au massacre de quelques inquisiteurs à Avignonet en 1242 par une soixantaine d’hommes issus de la garnison de Montségur, le sénéchal de Carcassonne Hugues des Arcis, fut chargé d’assiéger la forteresse, sur l’ordre de blanche de Castille et de Louis IX. Une armée se mit en marche vers Montségur, flanquée de deux redoutables ecclésiastiques : Pierre Amiel, archevêque de Narbonne, et Durand, évêque d’Albi, lequel était spécialisé dans la construction des machines de guerre. En mars 1243, les croisés, au nombre de 6000 hommes environ, entouraient Montségur.
Pendant quelques mois, pourtant,
la forteresse tenue par Pierre-Roger de Mirepoix et ses chevaliers ne fut pas
complètement bloquée. Elle recevait des vivres, des armes, des nouvelles de
France et d’Italie. De grandes illusions entretenaient l’espoir, stimulaient le
courage des chevaliers enfermés dans la place. Le bruit se répandit un jour,
probablement sur l’initiative de Raimon VII, que l’empereur Frédéric II,
l’Antéchrist en personne (pour les romains !) allait venir délivrer les
assiégés. Il était peu vraisemblable que le grand empereur entreprît un raid
sur Montségur. Mais, à vrai dire, il aurait suffi qu’il exerçât une pression du
côté de la Provence pour que tout le Languedoc se soulevât une fois de plus.
Mais Frédéric II ne vint pas délivrer Montségur, ni venger Carcassonne et
Béziers. L'équilibre des forces perdure jusqu'à Noël 1243 où une poignée
d'« alpinistes » parvient, suite à une escalade audacieuse effectuée
de nuit, à se rendre maître de la tour de guet. À partir de ce moment, un trébuchet
est acheminé et monté, qui bombarde sans relâche la position des assiégés comme
en témoignent les nombreux boulets de pierre taillée retrouvés sur le site.
Environ un mois plus tard, peut-être suite à une trahison locale, la barbacane
tombe aux mains des assaillants.
Un dernier assaut lancé en
février sera repoussé mais laissera les assiégés très affaiblis.
Le 1er mars 1244, Pierre-Roger de
Mirepoix se voit contraint de négocier la reddition de la place forte. Les
termes en sont les suivants :
- la vie des soldats et des laïcs sera épargnée,
- les parfaits qui renient leur foi seront sauvés,
- une trêve de 15 jours est accordée pour les cathares qui veulent se préparer et recevoir les derniers sacrements.
Le 16 mars, la forteresse s'ouvre
à nouveau. Tous les cathares qui refusèrent de renier leur foi périrent sur le bûcher
qui fut dressé pour un peu plus de 200 suppliciés dont Bertrand Marti, évêque
cathare, et, la femme, la fille et la belle-mère de Raymond de Péreille :
après avoir distribué tout ce qu'ils possédaient à ceux qui les avaient
défendus durant dix mois, les parfaits de Montségur furent enfermés dans un
enclos préparé au pied de la montagne puis les croisés mirent le feu aux fagots
qui y étaient entassés. En tout, deux cent vingt hommes et femmes périrent dans
le brasier. Parmi eux se sacrifièrent des soldats de la garnison qui n'avaient
pas voulu les abandonner.
Peu de temps avant la reddition, le jour même où les Parfaits devaient être brûlés, Pierre-Roger de Mirepoix fit appeler Amiel Aicart, Hugo, et deux autres hérétiques, et les cacha dans un souterrain. Pierre-Roger était le seul à en connaître l’existence. Les quatre hommes débouchèrent au ras de l’abîme et s’y laissèrent glisser à l’aide de cordes. Ils emportaient avec eux ce qui restait du trésor de Montségur ; mais ils avaient surtout pour mission de reconnaître l’endroit où Pierre Bonnet et Matheus avaient caché la plus grosse partie de ce trésor, qu’ils avaient évacuée quelques mois auparavant et enfouie dans une grotte du Sabarthès, et de la transporter dans un lieu plus sûr.
Le bûcher aurait été monté à 200
m du castrum dans le "Prat dels Cremats" (le champ des brûlés) où une
stèle fut par la suite érigée par la contemporaine Société du souvenir et des
études cathares. Sur la stèle figure l'inscription : "Als catars, als
martirs del pur amor crestian. 16 de març 1244".